Il y a une pénurie de pilotes au Canada !

Le cri d’alarme vient de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) : en fin d’année, la secrétaire générale, Fang Liu, affirmait que « l’aviation civile devait faire mieux pour attirer et retenir les travailleurs qualifiés dont elle aura besoin au cours des prochaines décennies ». Un constat partagé par l’ensemble de la filière, qui doit imaginer de nouvelles stratégies pour renouveler sa flotte de pilotes… au risque d’être frappée d’une grande pénurie.

 Le défi est immense. Au Canada, selon les estimations du secteur de l’aviation, les besoins seraient de l’ordre de 7 300 nouveaux pilotes d’ici cinq ans. Comment en est-on arrivé là ? « La formation est relativement onéreuse, explique Marco Prud’Homme, vice-président de la société Nolinor Aviation, implantée à Mirabel, au Québec. Il faut quelques dizaines de milliers de dollars, autour de 85 000 $, pour obtenir une licence commerciale. Et dans les écoles de pilotage, les étudiants n’ont pas toujours accès à un aéronef au moment qui leur convient, donc ça prend du temps et cela peut les décourager. »

Pour le dirigeant, qui scrute l’évolution du marché depuis vingt ans, il y a aussi un effet « avant et après 11 septembre 2001 ». « Après les attentats, nous avons perdu le point de contact avec la relève, nous n’avons pas su recréer des conditions pour sensibiliser les élèves à cette profession, déplore-t-il. Nous avons pris un grand retard. »

 Des avions sans pilote ?

Or, malgré la tendance écologique du moment qui tendrait à limiter l’usage de l’avion (trop polluant), les besoins en pilotes n’ont en réalité jamais été si importants. Pour tenter d’enrayer cette pénurie, Nolinor Aviation, qui se spécialise dans les vols nolisés (charters) en très forte demande, a mis en place depuis deux ans un système qui permet aux aspirants d’obtenir plus rapidement leur licence commerciale. « Pour inciter nos employés qui ont plus d’un an d’ancienneté à devenir pilote, nous finançons la formation. Nous avons fait l’achat d’un aéronef pour assurer la formation pratique. C’est un pouvoir d’attraction indéniable. »

 De leur côté, les mastodontes de l’aviation tels Boeing ou Airbus, travaillent à l’élaboration de systèmes qui pourraient réduire le nombre de pilotes nécessaires en cabines, voire même sur des projets d’avions sans pilote ! Une évolution à laquelle ne croit pas du tout le président de l’Association canadienne des pilotes de ligne, le capitaine Dan Adamus, qui déclarait sur Radio-Canada International : « Les pilotes sont irremplaçables pour régler les problèmes qui peuvent survenir à tout moment, même avec les systèmes les plus sophistiqués. » À l’OACI, la secrétaire générale semble plutôt aller dans ce sens et renchérit même : « La même histoire risque de se produire pour les contrôleurs aériens, le personnel de maintenance et autres techniciens. » À bon entendeur.

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