Envol du secteur aéronautique mexicain

Depuis quelques années, le Mexique s’invite dans l’univers très compétitif de l’aéronautique mondiale. Outre les entreprises mexicaines qui se développent, les sociétés internationales viennent s’y implanter en grand nombre, séduites par la vigueur du secteur et confiantes dans l’actuelle stabilité politique.

 

Portrait de l’aéronautique au Mexique
Avec un taux de croissance de près de 180 % depuis 2009, le secteur connait un véritable essor depuis une décennie et génère annuellement un chiffre d’affaires de 19 milliards de dollars. Quant aux exportations de pièces détachées du secteur aéronautique, elles ont triplé entre 2009 et 2019 (passant de 2,5 milliards de dollars à 7 milliards de dollars), lesquelles sont destinées dans la grande majorité aux États-Unis (81 %), le Canada ne représentant que 6 % des exportations. Ces bons chiffrent témoignent de la vitalité du tissu économique. D’une part, le Mexique peut compter sur ses propres entreprises – au nombre de 300 environ – qui œuvrent dans ce secteur, à l’instar de Altaser Aerospace, fabricant de pièces détachées pour les ailes d’avions, dont le carnet de commandes est rempli pour les 15 prochaines années. D’autre part, le pays bénéficie de la présence sur son territoire de grands acteurs de l’aéronautique et de la défense, tels que Airbus, Boeing, Zodiac, Daher ou encore Safran – ce dernier, présent depuis plus de 25 ans au Mexique, emploie 10 000 personnes réparties sur ses 14 usines mexicaines. De plus, le marché aéronautique mexicain ayant atteint un seuil critique, les petites et moyennes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire peuvent aussi trouver un intérêt à s’y implanter, étant désormais assurées d’obtenir des contrats fiables et pérennes. C’est ainsi que Figeac Aero a inauguré au printemps 2018 sa toute nouvelle usine à Hermosillo.

 

Comment conserver son avantage compétitif?
En raison d’un potentiel de construction de près 40 000 avions d’ici 20 ans, les pôles aéronautiques se développent à l’échelle mondiale, et notamment dans les régions offrant des avantages compétitifs non négligeables. C’est ainsi que le Mexique, de par sa situation géographique et son coût horaire imbattable (un ouvrier gagne 10 fois moins que son homologue américain), a de beaux jours devant lui. D’autant plus que le contexte politique semble sous contrôle à court et moyen terme : les trois pays d’Amérique du Nord se sont finalement entendus sur un nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) et la victoire du nouveau président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, rassure les investisseurs quant à sa volonté de s’attaquer à quelques fléaux nationaux, dont la corruption. Toutefois, pour rester longtemps dans la course face à la concurrence montante de l’Asie, les entreprises mexicaines pourraient devoir augmenter le tarif horaire de leur personnel peu qualifié – pour réduire le taux de rotation pouvant atteindre 20 % –, développer davantage leurs produits de A à Z pour une plus grande indépendance vis-à-vis des grands acteurs et renforcer leurs investissements en recherche et développement pour offrir des produits à plus forte valeur ajoutée.

 

Le Mexique semble avoir autant besoin des entrepreneurs étrangers qu’eux-mêmes des Mexicains, comme le prouvent les aides financières mexicaines pour accueillir les entreprises et l’implication de certains constructeurs ou équipementiers aéronautiques étrangers dans la formation des jeunes mexicains. Chose espérée que cet équilibre perdure encore longtemps.

 

 

 

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