La Lune suscite la convoitise de pays émergents et développés

La Lune, qui a connu son heure de gloire à l’époque de la guerre froide, semble être à nouveau au goût du jour, après avoir été boudée pendant près de deux décennies. Aujourd’hui, les Asiatiques ne cachent pas leurs ambitions de conquérir notre satellite naturel tant pour des raisons scientifiques qu’économiques avec, en toile de fond, des enjeux politiques.

 

De beaux défis pour la Chine
Tranquillement, mais sûrement, le pays du Milieu trace sa voie vers l’exploration de la Lune. Décembre 2013, un astromobile chinois, du nom de Yutu, a émis depuis la Lune pendant 31 mois. Cinq ans plus tard, en 2018, ce n’est pas moins d’une quarantaine de lancements qui devraient avoir lieu, dont deux seront particulièrement scrutés : ceux de la mission Chang’e 4, dont l’objectif est d’explorer la face cachée de la Lune. Le premier, effectué ce 20 mai 2018, a permis d’envoyer un satellite de relais de communication de 425 kg, Queqiao, à 60 000 km au-dessus de la Lune. Le second, prévu fin 2018, aura pour objectif de déposer un rover pour y accomplir différentes missions. D’un point de vue géologique, l’engin devra étudier les caractéristiques de la face cachée de la Lune (cratères, activité volcanique) et mener des expériences liées à des possibilités de culture (vers à soie, pomme de terre…). Dans un autre registre, l’environnement électromagnétique particulier de la Lune (non perturbé par les signaux artificiels terrestres) sera un terrain de jeu idéal pour l’étude radio à basses fréquences. Enfin, cette exploration lunaire permettra d’étudier un gaz léger non radioactif que l’on retrouve en abondance : l’hélium 3 qui, d’après Ouyang Ziyuan (responsable scientifique du programme chinois), pourrait régler « les besoins en énergie de l’humanité pour au moins 10 000 ans ».

 

La lune ou le théâtre d’une guerre entre deux blocs
Récemment, un article du Financial Times faisait mention d’un projet commun entre le Japon et l’Inde pour explorer les régions polaires de la Lune, projet qui devrait être annoncé officiellement d’ici mars 2019. Un tel programme est, d’un point de vue politique, une réponse sans équivoque du Japon et de l’Inde (respectivement 3e et 5e puissances économiques mondiales en 2018) à la volonté chinoise d’isoler ses deux concurrents potentiels. En parallèle, les deux pays mènent leur propre programme comme en témoignent le projet nourri par l’Agence d’exploration spatiale japonaise d’envoyer des hommes sur la Lune en 2025 et l’ambition indienne, dans le cadre de sa mission Chandrayann-2, de faire parvenir un orbiteur, un atterrisseur et un rover sur la Lune, après la réussite en 2008 de la mission Chandrayaan-1. Concrètement, l’Inde va utiliser l’une de ses plus puissantes fusées – le GSLV Mk II – pour transporter ce matériel 100 % indien; à 100 km d’altitude de la Lune, l’atterrisseur descendra vers son pôle Sud et son rover – muni de panneaux solaires – explorera une surface de près de 200 m2, piloté partiellement depuis la Terre. Sa mission sera d’étudier le sol, les minéraux, l’exosphère et de repérer de possibles traces d’eau. Enfin, les États-Unis n’ont rien à envier à ce pays émergent. En effet, nos voisins du Sud ambitionnent de créer une base arrière dans le cadre de la conquête de Mars – avec une mission habitée en 2023 –, laquelle pourrait même s’apparenter à une station-service si la production de carburant y était possible.

 

Les projets lunaires actuels, plus ambitieux les uns que les autres, sont dictés par des enjeux scientifiques et économiques, mais pas seulement… La première grande raison qui expliquerait que de tels défis gouvernementaux soient lancés ne serait-elle pas purement politique et géostratégique?

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