COVID-19 : quelles conséquences pour le secteur de l’aéronautique ?

Dans le monde, on s’attend à ce que l’impact du coronavirus sur l’industrie aéronautique soit plus dévastateur que les suites des attaques du 11 septembre 2001. À quoi les travailleurs du secteur doivent-ils se préparer ?

Alors que les arrivées par voie aérienne au Canada sont sévèrement contrôlées, que les annulations d’événements internationaux s’enchaînent et que les dépenses en tourisme à travers le monde fondent comme de la neige sous un soleil tropical, le secteur aéronautique canadien entre dans une période difficile.

Des mises à pied chez les transporteurs… et au-delà

Les restrictions que le gouvernement canadien impose au transport aérien de passagers, qui est pour l’heure limité au retour à la maison des Canadiens et au transport de marchandises, se traduisent déjà par l’interruption de nombreuses liaisons aériennes.

Air Canada, WestJet et Air Transat ont toutes les trois annoncé la suspension de la plupart de leurs vols internationaux au cours des prochaines semaines. WestJet réduira en outre ses vols intérieurs. Des mises à pied sont donc à prévoir chez les transporteurs, tant en ce qui concerne l’équipage que le personnel au sol.

Dans un communiqué, le transporteur québécois en donne un aperçu lorsqu’il mentionne « des mesures de mises à pied temporaires, de réduction du temps de travail ou de réduction du salaire qui toucheront malheureusement une partie importante des employés. »

« La réduction est catastrophique. Elle dépasse de loin l’après 11-septembre, la crise de 2008, celles du SRAS et de la grippe H1N1 », dit Mehran Ebrahimi, professeur agrégé à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur du Groupe d’étude en management des entreprises de l’aéronautique.

Ces contractions de l’emploi touchent aussi le personnel que les compagnies aériennes étrangères, comme Air France, KLM et autres, embauchent chez nous ; pour l’entretien des appareils, le nettoyage entre les vols et le service à la clientèle dans les aéroports, notamment. « Pour chaque avion qui ne vole pas, ce sont en tout 100 à 130 personnes qui n’ont plus de travail », estime l’expert en management de l’aéronautique.

Les constructeurs et équipementiers aussi touchés

En ce moment même, en Europe (chez Airbus, entre autres), l’épidémie limite la capacité de production des fabricants et équipementiers en aéronautique, en raison des mesures de confinement imposées dans plusieurs pays européens, dont la France.

Mais les effets de la COVID-19 pourraient se faire sentir pendant quelques années. L’impact négatif de la pandémie sur la situation financière des compagnies aériennes provoquera, selon toute vraisemblance, un repli de la demande pour la construction d’appareils et de pièces.

Si Air Canada et d’autres compagnies reportent la livraison des avions A220 (l’ancienne CSeries de Bombardier) qu’elles ont commandés, comme s’y attend Mehran Ebrahimi, les équipementiers comme Pratt & Whitney (qui fabrique le moteur de l’A220) et leurs propres fournisseurs seront à leur tour en difficulté.

« Les avions sont fabriqués à la demande et en suivant un calendrier de production précis, explique le professeur. Quand une commande est reportée, toute cette séquence est perturbée. C’est toute la chaîne d’approvisionnement qui est affectée. »

L’expert en management de l’aéronautique est d’avis que des investissements gouvernementaux seront essentiels pour soutenir ce secteur important de l’économie canadienne, qui représente environ 13 milliards de dollars par an.

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