Compétition acharnée pour le retour de l’avion supersonique

Les nostalgiques du Concorde pourraient retrouver le sourire : des vols d’avions supersoniques sont annoncés d’ici quelques années par diverses compagnies du monde entier. Depuis que le grand oiseau blanc a tiré sa révérence en 2003, le marché du supersonique connait une concurrence vive, doit relever des défis complexes et affiche des objectifs ambitieux.

 

Une référence à dépasser
Né d’un partenariat franco-britannique (Sud-Aviation et BAC), le Concorde a connu son heure de gloire pendant 27 ans (1976-2003), jusqu’à ce que l’entreprise ait de la difficulté à se remettre de l’accident au décollage de Paris en 2000 et subisse de plein fouet la chute importante du nombre de ses passagers suite au 11 Septembre. Outre ces deux défis, l’entreprise devait aussi gérer deux difficultés majeures – toujours d’actualité. La première, le bruit (90 dbA) provoqué principalement par le mur du son… à tel point que l’Administration fédérale de l’aviation des États-Unis lui interdit le survol de son territoire. La deuxième difficulté, le coût exorbitant de fabrication et de fonctionnement de l’avion, notamment en raison d’une consommation de kérosène très élevée autant à haute vitesse qu’en basse vitesse (décollage et atterrissage).

 

Des défis technologiques de taille
À l’instar du Concorde qui a contribué à des innovations technologiques incroyables en son temps, les ingénieurs travaillant sur la nouvelle génération d’avions supersoniques rivalisent d’imagination, de créativité et de stratégie pour que le volume sonore soit acceptable. Afin de diminuer les ondes de choc et de limiter leur agrégation, certains travaillent sur l’aérodynamisme de l’avion, alors que d’autres optent pour la création de nuages de particules chargées (plasma) à partir d’une technologie électromagnétique. Quant à l’objectif de réduction de coût, des pistes diverses sont explorées : utilisation de matériaux légers tels que fibre de carbone ou aluminium, réduction du nombre de passagers ou encore remplacement des hublots, coûteux à installer, par des parois permettant, malgré tout, de voir à l’extérieur.

 

 

Des projets toujours plus ambitieux
Fraîchement créée en 2014, Boom annonce le vol de son prototype en 2018, de l’avion supersonique en 2020 et vise un Paris-New York en 3,5 heures. L’ambition de l’entreprise pourrait faire pâlir ses concurrents : offrir 500 liaisons et vendre 1300 appareils dans les dix premières années de sa commercialisation et, à plus long terme, pouvoir relier n’importe quelle ville du monde en moins de 5 h pour moins de 100 $! Quant à Lapcat – soutenue par l’Agence spatiale européenne et par le gouvernement britannique –, elle proposerait un Paris-Sydney en moins de 4 heures, soit un vol de 17 000 km à 6200 km/h. De quoi donner le tournis! La clé d’un tel exploit se trouverait dans le moteur qui, développé par Reaction Engines, combinerait la technologie du moteur à réaction des avions et le système de propulsion des fusées. Sans oublier Aerion, associée au motoriste General Electrics, qui travaille sur un avion de 12 passagers pouvant relier Paris à Washington en 3 heures et qui vise la vente de 600 avions sur 20 ans. Et la liste se poursuit…

 

Évalué à pas moins de 260 milliards de dollars d’ici dix ans, le marché du supersonique est en pleine effervescence. Une chance pour les multiples acteurs qui souhaiteraient tous avoir une part du gâteau, à savoir 1 300 avions supersoniques à se partager, à moins qu’un constructeur se démarque…

Articles récents par
Commentaires

Réseau d'emplois Jobs.ca